5 jeunes vignerons du Roussillon qui réinventent leur terroir
16/04/2025
1. Clémence Coll, la gardienne des cépages oubliés
À seulement 29 ans, Clémence Coll est une véritable étoile montante du Roussillon. Installée du côté de Tautavel, sur des terres fouettées par la tramontane, elle a un crédo clair : redonner vie aux cépages oubliés de la région. Sa passion pour le grenache blanc, le lledoner pelut ou encore le carignan est palpable dès qu’on entre dans sa cave.
Clémence a repris en 2018 une exploitation familiale en conversion bio, un défi colossal qu’elle a relevé en s’appuyant sur des pratiques viticoles douces et respectueuses des sols. Le résultat ? Des vins d’une grande finesse, qui laissent éclater la puissance aromatique des cépages locaux. Son blanc sec issu de vieilles vignes de grenache est un exemple parfait de son travail : une explosion de fruits blancs, relevée d’une belle acidité. Pour les amateurs de rouge, son carignan centenaire « Échos de Tautavel » est une pure merveille, alliant profondeur et fraîcheur.
2. Pierre et Jules Malherbe, révolution fraternelle dans la vallée de l’Agly
Pierre et Jules Malherbe sont frères, mais aussi complices dans leur aventure vigneronne située à Saint-Paul-de-Fenouillet. Ces trentenaires, enfants du Roussillon, ont décidé de tout miser sur leur domaine familial qu’ils travaillent aujourd’hui en biodynamie.
Leur approche est aussi atypique que leurs vins : ils travaillent en alternance des cépages très anciens comme le macabeu et des vinifications audacieuses, avec parfois un élevage en amphores. Le défi ? Chercher non pas la puissance, mais une expression la plus pure possible de la vallée de l’Agly. Leur cuvée phare, « Vent d’Est », un mariage de syrah, grenache noir et mourvèdre, est une petite révolution : des tanins satinés, des fruits noirs éclatants et une minéralité singulière.
À noter : leur domaine organise également des dégustations sur les pentes de leurs vignes en terrasse, avec une vue à couper le souffle sur le massif du Canigou.
3. Anaïs Bories, l’art de raconter une nouvelle histoire de Latour-de-France
On ne peut parler des jeunes talents du Roussillon sans mentionner Anaïs Bories. Après plusieurs années à voyager dans les grands vignobles du monde, de la Napa Valley au Douro, Anaïs est revenue en 2020 à Latour-de-France, son village natal, pour reprendre les rênes d’un domaine familial.
Ici, chaque cuve raconte un pan de l’histoire de sa terre natale, mais aussi de celle d’Anaïs. Sa cuvée signature, « Racines du Roussillon », un assemblage de grenache gris et de macabeu, incarne tout son projet : un vin précis, lumineux, où chaque gorgée semble faire résonner les pierres des coteaux schisteux où mûrissent ses raisins.
En termes de viticulture, Anaïs mise sur l’agroforesterie en réintroduisant autour de ses parcelles des amandiers et des plantes méditerranéennes, conscientes de leur rôle-clé face au réchauffement climatique. Une vraie pionnière.
4. Guilhem Torrès, l’audace instinctive
Avec son éternel chapeau de paille et son sourire espiègle, on pourrait croire que Guilhem Torrès est un bohème. Mais détrompez-vous : ce jeune vigneron installé à Maury, au pied des falaises calcaires des Corbières, est un véritable architecte de ses vins. À la fois instinctif et scientifique, son travail repose sur une connaissance pointue des sols et une approche non interventionniste.
Guilhem est un adepte des fermentations naturelles et des macérations lentes. Il cherche à surprendre, à dérouter avec des vins atypiques mais profondément sincères. Son orange wine, issu de macabeu et de malvoisie, est une pépite : complexe, légèrement tannique et étonnamment floral. Pour ceux qui préfèrent les rouges intenses, son grenache noir élevé en jarres de grès est une aventure à lui tout seul.
5. Léa Vergès, le souffle féminin sur Collioure
Nous terminons cette exploration sur le littoral, à Collioure, où Léa Vergès insuffle une nouvelle dynamique aux vignobles en terrasse de cette région emblématique. Léa, 31 ans, vient de faire basculer l’intégralité de son domaine, hérité de ses grands-parents, vers l’agriculture biologique. Une autre preuve que la nouvelle génération n’hésite pas à sortir des sentiers battus.
Son ambition ? Réinterpréter le collioure blanc traditionnel. Avec la cuvée « Roche et Éclat », à base de vermentino et grenache gris, Léa réussit un tour de force : un vin ciselé, où le fruit s’entrelace délicatement avec une minéralité salée apportée par la proximité de la mer. Et que dire de ses rouges, aux épices délicates et d’une profondeur en bouche exceptionnelle !
L’avenir du Roussillon est brillant
Ces cinq vignerons, avec leurs histoires singulières, incarnent une nouvelle page de la richesse viticole du Roussillon. Ce qui les relie, malgré leurs différences ? Une connexion intime avec la terre et l’envie de réinventer ses codes tout en restant fidèles à ses racines. Une leçon de passion, d’audace et de respect.
Le Roussillon, terre d’un vin vibrant et d’une culture forte, continue de nous offrir des bouteilles qui racontent autant de récits humains. Si on ne devait retenir qu’une chose de ces jeunes talents, c’est qu’ils savent écouter leur terroir, pour mieux nous le faire aimer. Alors, à vos caves, car de leurs mains naissent déjà des cuvées mémorables !
Pour aller plus loin
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