À la croisée des sens
Chez nous, tout commence souvent par une table. Une vraie. Avec des verres dépareillés, une assiette creuse qui fume, des amis qui arrivent un peu en retard, et une bouteille ouverte trop tôt ou trop tard, mais toujours au bon moment.
On a grandi dans des cuisines ouvertes, celles qui donnent sur la terrasse ou sur la vigne, dans des repas qui s’étirent, où le fromage arrive alors que les verres sont déjà re-remplis. On a découvert le Roussillon par les papilles, à la faveur d’un accord heureux entre un grenache blanc un peu pierreux et une anchoïade maison.
Ce blog est né de cette envie-là : parler du Roussillon tel qu’on le goûte, pas tel qu’on l’emballe. Pas de mise en scène, pas de filtre. Juste des histoires de cuisine, de cave et de paysages. Et surtout, des gens qui font tout ça possible.
On parle souvent du Roussillon comme d’une terre de fusion, et c’est bien plus qu’un cliché. Entre mer et montagne, influences catalanes et cévenoles, vins de caractère et cuisine franche, ici tout s’entremêle.
Il y a des jours où l’on déjeune d’un rouget grillé les pieds dans le sable, et d’autres où l’on grimpe jusqu’à une ferme dans les Fenouillèdes pour une tartine de fromage de brebis et un verre de macabeu naturel. On est dans un entre-deux constant, et c’est ce qui rend ce coin de France aussi singulier.
À Melt&Co, on aime cette instabilité. Elle oblige à rester curieux. À ne jamais penser qu’on a fait le tour d’un lieu, d’un vin ou d’un marché. Chaque virée, chaque rencontre nous rappelle à quel point ce territoire est vivant. Et qu’il mérite d’être raconté autrement.
Ce qui nous passionne, au fond, ce n’est pas tant la gastronomie que le geste. Le geste juste. Celui du vigneron qui taille court pour laisser la vigne respirer, de la maraîchère qui parle à ses légumes, du cuisinier qui respecte la saison sans en faire une leçon.
On cherche l’authentique, oui, mais pas l’authenticité comme slogan. Plutôt l’humilité. Le lien à la terre, au climat, à une forme d’évidence dans la manière de faire. Et ça, on le trouve ici. Dans ces artisans du goût, souvent discrets, mais toujours généreux.
Il y a quelque chose de fort à raconter le territoire par ses acteurs. Non pas pour dresser des portraits ou faire du storytelling à la mode, mais pour mettre en lumière des dynamiques locales, des savoir-faire parfois fragiles, souvent remarquables.
Si Melt&Co parle de food et de vin, c’est jamais pour faire l’inventaire. On n’est pas là pour noter les plats, ni pour comparer les cuvées à l’aveugle. Ce qui nous intéresse, c’est le moment. L’instant où un plat prend sens parce qu’il est partagé, où un vin devient une mémoire parce qu’il accompagne un fou rire ou un silence bienvenu.
On croit à la convivialité comme moteur. À la table comme lieu de rencontre. Pas seulement entre amis, mais aussi entre cultures, influences, histoires. On ne sépare pas les goûts de ceux qui les fabriquent ni les mets de ceux qui les mangent. C’est un tout, un écosystème, et c’est ça qu’on veut défendre.
Le Roussillon n’est pas un décor. C’est un état d’esprit. On y vit dehors, dès qu’on peut. On y mange tôt ou tard, peu importe. On y respecte le rythme des saisons, mais sans dogme. On y aime les apéros qui traînent, les marchés qui sentent fort, les vendanges sous un ciel blanc de chaleur.
Ce blog, c’est aussi une façon de dire que ce mode de vie a de la valeur. Que prendre le temps, choisir ses produits, comprendre ce qu’on boit ou ce qu’on cuisine, c’est un acte presque politique. Un acte doux, mais décidé. Qui parle de respect, de lien, de plaisir.
On ne prétend pas tout connaître, ni tout couvrir. On avance à l’instinct, au fil de ce qu’on vit, de ce qu’on découvre. Melt&Co, c’est une exploration. Un espace en mouvement, comme le Roussillon lui-même.
Pourquoi ce nom ? Parce qu’il dit ce qu’on aime. Le mélange. La chaleur. La fusion des goûts, des styles, des gens. Et le « co » pour compagnie, pour collectif, pour cette idée qu’on ne fait rien seul. Que manger, boire, vivre, c’est mieux ensemble.
Melt&Co, c’est notre façon de dire merci à ce territoire. De lui rendre hommage sans folklore, avec nos mots à nous. Des mots simples, parfois bruts, toujours sincères. Des mots qui s’écrivent souvent à table, un verre à la main, un plat encore chaud sous le nez, et le soleil du Roussillon en toile de fond.
